Bouquin #189 : Suiza, de Bénédicte Belpois

[Suiza – Bénédicte Belpois – 2019]

Étrange comme ce roman m’a happée et énervée. Comme je l’ai dévoré avidement, le cul sur mes principes, et comme je le rejette à présent – en vérité, c’est Suiza qui s’éloigne comme il est venu, sans trop de bruit ni de conséquences. Pour résumer : je reste perplexe. Pourquoi tant d’éloges pour un texte cousu de saillies machistes, qui semble agir sans but, avec à peine de quoi attendrir ?

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Bouquin #167 : Le bleu du lac, de Jean Mattern

[Le bleu du lac – Jean Mattern – 2018]

Entre mon père et mon mec, il y a un autre homme qui compte dans ma vie. C’est un appui et un complice, un brave type dont j’ai investi pas à pas le territoire et qui m’y a offert une juste place ainsi que quelques clés pour aborder un monde commun. Je ne t’en parle jamais ici, je me méfie des hommages et des déclarations, mais cette fois-ci plutôt qu’une autre la référence s’impose, peut-être parce qu’il sera question dans ce billet d’amour et de sensibilité et que ce sont des mots qui à mes yeux lui collent au corps, que ce texte, en vérité, ne pouvait m’être fourni par d’autres mains. Ce gars-là, donc, est à la fois collègue, ami et un peu mentor, je déteste ce terme, tu comprends l’idée. Il m’a filé ce bouquin comme plusieurs autres trésors dont je t’ai déjà parlé ici, , , et , et je te dis tout cela aujourd’hui, c’est ainsi, peut-être parce que j’ai le besoin d’afficher un bonheur, celui d’avoir trouvé un partenaire de jeu auprès de qui travailler la matière et le sens. Décidément (mais tu commences à en avoir l’habitude), je ne peux te parler d’un livre sans y mêler le sel de mon quotidien, tout comme je ne peux lire innocemment et à l’œillère, en occultant mes sources et mes gratitudes.

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Bouquin #134 : Mon étincelle, d’Ali Zamir (#RL2017)

[Mon étincelle – Ali Zamir – 7 septembre 2017]

Mon étincelle, cette petite douceur à déguster comme un berlingot. Ce texte vif et lumineux aux saveurs fruitées – un livre à la crème, très justement relevé, un livre-soin à offrir aux aimés. Mon étincelle, c’est ce bouquin qui passe du coq à l’âne et du rire aux larmes, c’est à la fois le typique et l’universel, le pragmatique et le conte : c’est tendre et piquant, c’est absolument charmant, c’est un très chouette deuxième roman.

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Bouquin #56 : La joueuse de go, de Shan Sa

[La joueuse de go – Shan Sa – 2001]

L’écrit m’émeut souvent, mais rares sont les plumes qui font poindre les larmes. Ce matin pourtant, j’ai terminé La joueuse de go dans un épais sanglot, de ceux créés par l’alchimie du Beau et du Mal. Quelle force, quel tragique dans ce court roman violent, passionné, vibrant à en couper le souffle ! C’est la retenue pudique que balayent les cris et la torture, c’est les sentiments naïfs poussés sur un terreau de sang et d’illusions…
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Bouquin #34 : La dentellière, de Pascal Lainé

[La dentellière – Pascal Lainé – 1974]

Un jour, sûrement d’ennui sévère, je suis tombée par hasard sur un téléfilm dont je ne me rappelle plus l’histoire, mais dont je sais seulement que l’ensemble m’avait paru plutôt nul. Dans ce téléfilm cependant, il était question, vaguement, d’un roman, apparu deux-trois fois dans un coin de l’écran. C’est ainsi que La Dentellière, Goncourt 1974, s’est invité dans ma bibliothèque, comme l’ultime résidu d’un scénario bien vite oublié. Fin de l’histoire. Lire la suite

Bouquin #9 : La Chatte, de Colette

[La chatte – Colette – 1933]

Il y a tant à dire sur ce roman très court et très fort, tragédie étouffante à trois personnages : cet exécrable et misogyne Alain, cette jalouse et meurtrière Camille, et la chatte, Saha, idéal félin pour l’un et danger pour l’autre. La Chatte est le premier roman que je lis de Colette : j’ai été quelque peu déroutée par le style de l’écrit, sans raison, mais l’histoire, si riche et dramatique, m’a laissée sans voix.

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Bouquin #3 : La Confusion des sentiments, de Stefan Zweig

[La confusion des sentiments – Stefan Zweig – 1927]

Le narrateur, au crépuscule de son existence, nous conte la rencontre avec un professeur, devenu son mentor, qui dessina un tournant décisif dans sa jeune vie. Le récit, pointant la plume sur le conflit (ou la liaison inévitable ?) entre admiration et amour, autorité et idôlatrerie, me laisse cependant moins de souvenirs que Le Joueur d’échecs ou Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

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