Bouquin #134 : Mon étincelle, d’Ali Zamir (#RL2017)

[Mon étincelle – Ali Zamir – 7 septembre 2017]

Mon étincelle, cette petite douceur à déguster comme un berlingot. Ce texte vif et lumineux aux saveurs fruitées – un livre à la crème, très justement relevé, un livre-soin à offrir aux aimés. Mon étincelle, c’est ce bouquin qui passe du coq à l’âne et du rire aux larmes, c’est à la fois le typique et l’universel, le pragmatique et le conte : c’est tendre et piquant, c’est absolument charmant, c’est un très chouette deuxième roman.

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Fermez les yeux : vous êtes dans un coucou tangueur, quelque part entre deux îles de l’archipel des Comores, à écouter, en sourdine parmi un chœur de lamentations apeurées, la douce voix d’une Étincelle. La carlingue gigote, ça grince et ça s’époumone – mais il n’y a pas de meilleure bouée que les souvenirs, et c’est dans ce bagage aux mille chatoiements qu’Étincelle puise son courage et les fils de son récit.

Récit d’amours et de rencontres, d’aventures, de mésaventures. L’esprit vagabonde et son bavardage ne suit aucune couture, si ce n’est le hasard d’une pensée en appelant une autre. Les rebonds donnent la cadence à cette danse folle et tendre qui fait valser son lecteur en terre de malices et de marivaudages nonchalants. Jamais l’amour et ses ravages n’ont eu aussi bon goût.

Un goût de sucre ou de cannelle. Un goût d’enfance et de jeux. Déjà, ces noms fantastiques : Douceur, Douleur, Espoir, Vitamine, Tétanos, Eferalgan et Dafalgan. Avouez que ça en jette. Et puis la langue : une écriture toute simple, toute franche, dont surgit soudain le mot en décalage, le terme impromptu presque oublié du dictionnaire, que l’on recueille comme une fleurette fraîchement éclose – de ces petits pas de côté j’ai établi une liste en bouquet.

Rien que d’y repenser, ce petit livre de la rentrée fait fondre mon cœur : il est venu à point, m’a collé le sourire et rassemble tout ce dont j’ai besoin en cas de cafard – une langue espiègle, des passages à chute, de l’amour maladroit et un flegme qui fait du bien. C’est un petit bijou d’humanité solaire, un bouquin-coton où chacun puisera son compte de caresses à l’âme et de gentilles goguenardises. C’est un bon copain à garder sous le coude, à lire à l’endroit à l’envers, et à offrir comme on ouvre les bras.

(Et mon petit mot pour achever de te convaincre)

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7 réflexions sur “Bouquin #134 : Mon étincelle, d’Ali Zamir (#RL2017)

  1. Bravo pour cette belle chronique ! J’avais adoré Anguille sous roche et j’attendais depuis impatiemment le prochain Ali Zamir ! J’avais vraiment été impressionnée par le travail de l’auteur sur la langue, entre une poésie très abstraite, des emplois désuets, des écarts entre un langage vulgaire ou au contraire, très littéraire, une oralité musicale et langoureuse, une réelle expérience de lecture « anguilliforme »… De toute évidence, ce deuxième roman est à la hauteur du premier : il fera assurément partie de mes prochains achats en librairie (sans compter que les livres édités au Tripode sont sublimes !) 🙂

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