Bouquin #99 : L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset

[L’autre qu’on adorait – Catherine Cusset – sept. 2016]

Dernière lecture pour le prix du Roman des étudiants, et sans doute celle qui m’aura inspiré le plus d’ennui… 99-lautre-quon-adorait

A l’image de cette introduction laconique, je n’ai pas grand chose à exprimer quant à ma lecture de L’autre qu’on adorait, si ce n’est que ce texte m’a laissée de marbre, n’a pas su me toucher. Ça arrive.

Catherine Cusset y livre le destin funeste de « Thomas », universitaire brillant puis déchu, ami intime que personne n’a su sauver de sa propre folie : « Thomas » a broyé trop de noir et en est mort, un sac sur la tête et l’estomac dévasté par les médocs, à 39 ans. Dans une biographie intimiste, mâtinée de fiction, l’auteur retrace la vie de cet homme que l’on découvre en trublion talentueux, débordant d’énergie, mais dont le portrait se verra progressivement écorché par la maladie : « Thomas » est bipolaire – autrement dit, condamné.

L’initiative de cette oraison littéraire me paraît louable – reste à comprendre, cependant, quel intérêt trouver dans ce bouquin qui tient à distance ses lecteurs et n’est visiblement pas écrit pour eux. On y rencontre des références. Beaucoup. Outrageusement name-droppées ou citées à demi-mots, pour les initiés. De l’entre-soi, aussi : Parisien ou WASP, c’est selon, mais inaccessible – l’auteur le sait, elle en joue, cela fait partie de l’enrobage. Les gestes de « Thomas » sont disséqués, annotés. Son parcours semble tissé comme un compte rendu d’enquête. On sait qu’il est allé dîner chez untel et a trinqué à la Veuve-Cliquot tel jour avec un autre. Mais on s’en fout, Catherine. On s’en fout, vraiment.

Tout cela donne un récit bien long, jeté sur la page sans souci de son lectorat. Seul mérite : cette place accordé au « tu », qui revisite l’exercice du portrait et nous projette avec justesse dans l’intime. Pour le reste : trois-cents pages de gros soupirs. Et cette citation lucide, glanée à la page 36 : « Tu les connais, ces romans écrits par les khâgneux : ça se veut intelligent, ça se regarde le nombril, c’est chiant. »

Toutes mes lectures pour le Prix #RDE sont recensées ici !

7 réflexions sur “Bouquin #99 : L’autre qu’on adorait, de Catherine Cusset

  1. Je suis du même avis, si ce n’est que je n’ai trouvé aucun mérite dans l’utilisation du « TU ». Je reconnais la sémantique voulu derrière, mais jusqu’à présent (ce livre compris) je n’ai pas lu un seul texte où ce ‘tu’ de l’intimité, de la conscience, passait bien. Dommage….peut-être un jour…

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  2. Je me posais la question de la valeur de ce livre… L’auteure vient dédicacer son livre dans notre librairie en décembre, et son livre était vraiment mis en avant. Je sais à quoi m’en tenir !

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