Ce n’est pas nouveau, mais on vit avec de sacrés cons. Quelquefois, ils cherchent à s’exprimer. Autant te dire qu’ils le font mal : leur plume à eux c’est la kalach, leur encre, du sang. Du sang de tous bords, de tous genres, de toutes opinions et de toutes cultures. Eux ils s’en foutent, de substituer aux mots des rafales de balles : on l’a dit, ils sont cons. De sacrés cons. Auraient-ils pu l’être un peu moins ?
C’est là que l’on brandit la culture, l’éducation, l’ouverture sur le monde, toutes réunies sur le même étendard de la tolérance, le meilleur des gilets pare-cons, dira-t-on. Mais est-ce si facile ? L’accès à la culture s’est démocratisé grâce au Dieu internet, mais les dispositions de départ ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Les livres sont là, à portée de bibliothèque, moins chers qu’un paquet de clopes : encore faut-il en avoir l’envie, y voir un intérêt, ne pas s’en être forgé un dégoût comme reflet d’un dégoût plus grand, d’un dégoût d’une société qui t’a abandonné, toi, l’enfant devenu un sacré petit con.
Que l’on ne s’y méprenne pas : le bilan est amer, j’écris les larmes aux yeux et je ne vais pas te défendre, sacré con. J’espère juste que tes gosses, tes cousins, tes potes un peu moins cons que tu ne l’étais, seront un jour touchés par un bouquin, un film, un truc de la culture qui pourrait leur ouvrir les yeux. Ou un sport. Ou une association. Ou un job, ou un sourire. N’importe quoi qui les sauve et qui morde dans leurs œillères de con.
J’aimerais jouer un rôle, je ne sais pas lequel. Alors je continue d’écrire. Je continue de lire. Je continue de m’investir, à mon niveau, pour une culture désacralisée et libre.
Et puisque le drame est survenu page 92, un certain vendredi soir, je te parle de L’Amant.
Lire la suite →