Bouquin #142 : Little Bird, de Craig Johnson

[Little Bird – Craig Johnson – 2005]

Mazette ! J’ai lu un polar ! Ce que ne m’étais pas arrivé depuis… 2010, 2011, dans ces eaux-là ? Bon, j’admets facilement avoir quelques réserves (mauvaises, sûrement infondées) sur le genre, que je résume souvent en triptyque « flics flingues et voyous », ce qui, à première vue, ne me tente pas énormément. Mais puisque Craig Johnson a posé ses valises pour une soirée à La Rochelle, précisément dans notre très chère librairie Calligrammes… j’ai sauté à pieds joints sur son premier bouquin, un peu à l’aveuglette – advienne que pourra.

little bird craig johnson

Je ne vais pas te mentir : j’ai failli me laisser décourager. Quelle idée, aussi, d’introduire mille et un personnages dès le début sans presque les nommer, ou sinon dans un entrefilet de surnoms déposés au compte-goutte ça et là comme de bien maigres miettes pour les non-initiés ? Cent pages, pas de décollage : j’étais bien agacée, à deux doigts de jeter l’éponge pour retrouver de plus calmes horizons. J’ai bien du mal avec les romans bourrés d’action, de dialogues, d’informations – ils nécessitent une concentration que j’emploie d’habitude à apprécier le contemplatif et les non-dits. J’imagine cependant que j’ai bien du, à un moment, me faire à ce rythme du diable : rendue à la page 200, je ne pouvais plus lâcher le bouquin – dont j’avais même déjà deviné la fin (et ça, c’est un peu dommage).

Ce qui m’a retenue ? Sans doute le personnage central : Walt Longmire, shérif du comté d’Absakora, dans le Wyoming. Un bon gars à la carrure de buffle et au fond bien tendre, sans doute un peu cliché mais parfaitement crédible, comme il en va de tous ses pairs et amis : Vic, adjointe bardée de diplômes au parler franc, Henry Standing Bear, chef indien un peu taiseux mais fin connaisseur de sa réserve, etc. Belle galerie d’incarnations qui se tiennent et font le job de donner du lustre à une sombre histoire de meurtres un peu chelous – comme tout assassinat effectué dans les règles de l’art – dont j’ai tout de même peiné à comprendre les tentatives de résolution – pour moi qui n’ai que peu de sens logique, un roman à énigmes et étapes me perd très facilement.

Bénie soit donc l’attachante présence de ce brave bonhomme Longmire, nouveau copain dont j’ai adoré suivre les péripéties conjuguées à la première personne – ça aide – et agrémentées d’une répartie toujours vive et pleine d’humour – faute de piger grand chose à quifaitquoiquandetoù, je me suis souvent poilée, c’est déjà ça. Et cette plume, bon dieu ! Cette foi d’authentique terrien placée dans les descriptions ! On en prend plein les yeux, de cette nature actrice et dominante, de ces montagnes rocheuses aux sommets inatteignables, de ces premières neige si froides et traîtres, de ces larges, laaaarges espaces sans hommes…

Bref, à défaut d’avoir apprécié l’intrigue, et bien que j’aie vu GROS COMME UNE MAISON QUE C’ETAIT *biiiiiip* LE COUPABLE, je me suis sentie bien dans cette troupe de keufs ruraux et sympathiques, et j’ai passé un chouette moment.

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