Bouquin #185 : Le diable emporte le fils rebelle, de Gilles Leroy

[Le diable emporte le fils rebelle – Gilles Leroy – 2019]

Sacrée claque. Attendue depuis longtemps et sur les crocs, puisque je rame, depuis le début de l’année, dans des lectures qui, à deux ou trois louables exceptions, manquent de piquant et me donnent les paupières lourdes – ou peut-être est-ce simplement mon attention qui hiberne, va savoir. J’avais donc besoin de court, de puissant, quelque chose de l’ordre d’un shoot pour me remettre dans les rails d’une vie littéraire curieuse et enthousiaste – en cas de coup de mou, se fier à la promesse d’un titre – et bim ! À point nommé, le diable m’a emportée moi aussi : chute en colimaçon dans l’âme maudite d’une si mauvaise mère…

Lire la suite

Bouquin #147 : Une vie comme les autres, de Hanya Yanagihara

[Une vie comme les autres – Hanya Yanagihara – 2015 ; janvier 2018 pour la traduction française]

J’ai laissé passer un temps, celui de la digestion, celui du ravalement d’aigreur, avant de me lancer dans ce billet mûri à grands renforts d’annotations, de schémas, de tableaux à points (oui oui !) et de recherche – assez vaine – d’exégèse éclairée sur ce long (et bavard, et éreintant) roman dont je ressors… perplexe. Pour ne pas dire déçue, du moins amère. Huit-cents pages et des brouettes, ça valait bien ce lourd attirail de notes que je trimballe dans mon carnet rouge pour tenter d’y voir plus clair – pour tenter, également, de déceler du positif sous le voile gris de ma rancœur et ne pas livrer ici un avis beuglard et las. Pourquoi A Little Life, succès quasi-univoque lors de sa parution anglophone en 2015, n’a-t-il pas su me toucher outre mesure ? Où se situe la faille – à l’intérieur, à l’extérieur du roman ? Quelques questions auxquelles je m’attelle aujourd’hui, histoire de perdre encore un peu de temps à tourner autour de ce bouquin qui m’a déjà occupée une belle douzaine de nuits, avec avidité, jusqu’au dégoût.

Lire la suite

Bouquin #113 : A moi seul bien des personnages, de John Irving

[A moi seul bien des personnages – John Irving – 2012]

On m’avait soufflé à l’oreille que ce n’était pas le meilleur Irving. Que je devrais commencer par Hôtel New Hampshire ou Le monde selon Garp ou peu importe : un autre, pas celui-là. Vrai, j’ai été déçue. Non pas dès le début, bien au contraire : j’ai mordu dans cette lecture avec enthousiasme, et cette plume tout juste découverte m’a enchantée un sacré bout de temps… Pas assez cependant pour éviter la lassitude, venue à la toute fin mais en grande pompe, avec son lot de soupirs et cette folle envie de jeter le tout par la fenêtre…

Lire la suite

Bouquin #3 : La Confusion des sentiments, de Stefan Zweig

[La confusion des sentiments – Stefan Zweig – 1927]

Le narrateur, au crépuscule de son existence, nous conte la rencontre avec un professeur, devenu son mentor, qui dessina un tournant décisif dans sa jeune vie. Le récit, pointant la plume sur le conflit (ou la liaison inévitable ?) entre admiration et amour, autorité et idôlatrerie, me laisse cependant moins de souvenirs que Le Joueur d’échecs ou Vingt-quatre heures de la vie d’une femme

Lire la suite