C’est reparti pour une nouvelle moisson de savoirs inutiles glanés ça et là dans mes dernières lectures ! Au menu de ce deuxième opus, nous traiterons, chers amis, de beauté capillaire… et d’agonie sordide (prière d’abandonner toute activité gastronomique avant la lecture de cet article).
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° Cinquante nuances de tif °

Quel mégalo, Louis croixvébâton ! A l’aube de la Révolution, à la tête d’un royaume croupissant dans la misère et réclamant l’égalité, Son Excellence se complaît dans une opulence de rideaux et de soieries d’une teinte bien particulière… car directement inspirée de la couleur de ses propres cheveux ! C’est ce que l’on apprend, entre autres étranges manies royales, dans l’excellentissime 14 juillet, d’Eric Vuillard : je me suis donc empressée d’aller tâter le velours de l’internet à la recherche de quelques indices…
→ Si je n’ai trouvé aucune corrélation entre toison du roi et couleur de ses draperies, les documents d’époque témoignent toutefois d’une influence bien proche : Marie-Antoinette. La reine elle-même, en effet, aurait contribué au relooking de sa cour et de Versailles en gris cendré, après que son Loulou se fût exclamé, devant un échantillon de satin : « c’est couleur des cheveux de la Reine ! » Une aubaine pour les marchands de soieries, qui dépêchèrent immédiatement au palais draps et étoffes de cette nouvelle teinte – payés avec l’argent du contribuable, tant qu’à faire. L’anecdote nous est contée par « Bachaumont », anonyme à l’origine de Mémoires secrets […] sur les faits de cour avérés entre 1762 et 1787 – mémoires dans lesquels on apprend également que le roi serait à l’origine d’un éphémère engouement pour la « couleur puce » (proche du brun), avec déclinaisons, naturellement : puce clair, ventre de puce…
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° L’oréal citron °

Toujours côté coiffure, petite astuce relevée dans Le tour du monde en 72 jours, de Nellie Bly, qui, lors de son escale à Aden, s’étonne devant la blondeur incongrue des autochtones. Un camarade lui livre le secret : pour atteindre le platine capillaire, les hommes – seulement les hommes – enduisent leur coiffe de pulpe de citron, avant de s’exposer au soleil…
→ Truc de grand-mère, vieux comme le monde et sûrement connu de tous mais dont, pour ma part, je n’avais jamais entendu mot ! En effet, l’action conjuguée du jus de citron et des rayons solaires aiderait à atteindre un joli blond, à condition d’appliquer la mixture (jus de 3 citrons + 25 cL d’eau tiède) sur une base déjà claire… Il y a donc fort à parier que les bateliers du golfe, à la toison naturellement sombre, aient obtenu une teinte plus « tournesol défraîchi » que « blé doré » !
Variantes pour un joli blond, trouvées ça et là sur le net : rhubarbe, camomille, miel…
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° Bambou-brochette °

A présent bien renseignée sur la mode capillaire à travers le monde, Nellie Bly poursuit son périple de la découverte et fera l’apprentissage, à la faveur d’une visite de prison à Canton (Chine), d’un large éventail de méthodes de torture : toutes s’avèrent d’une horreur sans fond, mais l’une d’elles m’a particulièrement retourné l’estomac pour sa lenteur et son ingéniosité morbide…
→ J’ai nommé : le supplice du bambou. Lisez plutôt : « Les criminels sont immobilisés debout avec le jambes écartées et accrochées au sol, juste au-dessus d’une pousse de bambou. […] Quand elle commence à croître, rien ne peut entraver sa course. […] Le bambou se dresse et grandit sans se soucier des obstacles, transperçant le pauvre homme jusqu’à l’agonie, agonie prolongée chaque jour de quelques centimètres. […] »
Taper le nom de cette charmante torture dans Google m’a amenée à vomir trois fois m’extasier devant tout un panel de variantes à ce long calvaire : l’on se souciera ainsi du confort du supplicié en le ligotant sur une chaise ; l’on pratiquera le – tout aussi douloureux mais moins long – supplice du pal, en laissant doucement le condamné pôle-dancer de l’intérieur autour d’un pic de bois…
J’adore ce genre d’article !
Hâte de lire ton avis du « Garçon » un roman qui me tente vraiment 🙂
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Très intéressant ! Me voilà effectivement moins bête, sinon plus cultivée : je n’hésiterai pas à parler du supplice du bambou lors de prochaines mondanités ennuyeuses 😉
J’ai pensé à toi et à ta rubrique en tombant dans mes lectures sur quelque chose qui a piqué ma curiosité : il s’agit d’une référence dans Spirite de Théophile Gautier à des « lithographies de Gavarni où l’on voit en même temps dans la légende la phrase écrite et la phrase pensée, le faux et le vrai. » J’ai cherché sur le net, mais n’ai malheureusement pas trouvé d’exemples : c’est dommage car Gavarni savait décrier les travers de la société parisienne du XIXe avec une certaine ironie. Donc je suis pour l’instant assez frustrée, mais je continuerai à en chercher pour jauger l’humour de Gavarni et son piquant !
Tout ça pour dire que cette idée de chronique est décidément excellente et pousse même tes lecteurs à être davantage curieux ! J’attends avec impatience le 3e opus 🙂
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Je suis très heureuse que cela te plaise. Certes, lâcher un « eh au fait, vous connaissez le supplice du bambou ? » lors d’un repas ennuyeux fait toujours son petit effet 😉
Je ne connais pas Gavarni mais ce que tu en dis m’intrigue aussi énormément, je vais aller fouiller le web pour tenter d’en savoir plus !
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Passionnant ! Bon… je vais attendre un peu que la nausée ait disparu avant de préparer le repas… 🙂
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Haha, bon appétit 🙂
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Couleur puce, ventre de puce… des barres ! Merci pour cet article, j’avais adoré le concept dès la 1ère session, et ça se confirme !
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Chouette, je suis heureuse que cela te plaise !!
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